Comment se retrouver dans le maquis des offres d’investissement défiscalisant ?
Comme un patient irait consulter son médecin, Les Echos Week-End ont poussé la porte du cabinet de six conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) parmi les meilleurs du marché.
Avec en tête une question « simple », quoiqu’un brin angoissante : que faire pour soigner ce début d’allergie fiscale qui démange, à en croire les sondages, des millions de Français ? Leur diagnostic est, comme on dit des grands malades, pessimiste.
Aucun d’entre eux n’a sorti son carnet d’ordonnances pour griffonner un traitement miracle à base de FCPI, de FIP, de Sofica, de Pinel et autres PERP. Aucun de ces mandarins du placement n’a ouvert l’armoire à pharmacie en promettant, après absorption de quelques remèdes plus ou moins reconnus par leur médecine, la disparition des symptômes allergiques. Pas même un petit Girardin…
« Je me méfie beaucoup du terme de défiscalisation », avertit Jérôme Jambert, conseiller près de Tourcoing. Ces experts, pourtant, perçoivent bien la puissance du sentiment d’overdose fiscale. « Quelle que soit la classe sociale, le choc de la réception des avis d’imposition au retour de l’été est toujours dur à vivre. En toute objectivité, l’impôt peut devenir quasi confiscatoire et la défiscalisation ne peut alors que faire mouche », constate le Toulonnais Pascal Jouve années après années.…Certes, certaines « rustines » de dernière minute peuvent faire baisser la note finale. Mais tout l’art de la gestion de patrimoine réside le plus souvent dans l’anticipation, l’optimisation de ses actifs et une défiscalisation réfléchie qu’aucun miroir aux alouettes ne peut tromper.…
SOIGNER « L’ASSISE » DE SES INVESTISSEMENTS
Yves Gambart de Lignières est formel : « La carotte fiscale n’a aucun intérêt en soi, ce qui compte avant tout c’est l’assise économique de l’investissement, sa rentabilité espérée et sa pérennité. » Il est fréquent que l’économie d’impôt, aussi substantielle qu’elle puisse être, soit au bout du compte mangée par les pertes financières constatées au final. Le jugement de cet expert est plutôt radical : les dix solutions de défiscalisation étudiées sont, au final, assez peu séduisantes compte tenu des contraintes énormes supportées en contrepartie. « On ne fait pas du Pinel (immobilier neuf destiné à la location) pour baisser ses impôts avec 150 000 à 200 000 euros investis, c’est de la folie, le gain potentiel est ridicule. Très souvent vous perdrez largement plus à la sortie en raison de l’écart de prix entre le neuf et l’ancien ».
Règle d’or, donc : bien faire la part entre le gain immédiat en impôt et le risque financier différé endossé !…Jérôme Jambert insiste lui aussi : « Les solutions de défiscalisation sont fortement chargées en frais avec un résultat réel qui peut être nul voire négatif. » Or bien souvent l’investisseur est obsédé par la réduction d’impôt, remarquent à l’unisson nos experts, obsession qui a fait le lit d’un véritable « écosystème de la défiscalisation » pas toujours reluisant. L’investissement dans les Dom-Tom (en Girardin), par exemple, a suscité quelques belles arnaques. « 80% des opérateurs ne sont pas sérieux », confie Yves Gambart de Lignières, quand bien même il reste un fervent partisan de l’investissement outre-mer. Parce que chez les 20% restants, sérieux, « on peut avoir de très bonnes rentabilités », dit-il.…
GOMMER LES RESSOURCES IMPOSABLES
« Le premier réflexe avant de parler réduction d’impôt est d’étudier avec le client les moyens de baisser ses sources de revenus imposables ». La remarque du Vannetais Yves Gambart de Lignières pourrait passer pour une lapalissade. Il n’en est rien. Elle pose en fait la question cruciale du mode de détention des actifs professionnels, immobiliers et financiers.…Contrairement aux réductions d’impôt qui permettent une ristourne équivalente pour tous, le PERP autorise une déduction sur les revenus dont l’impact est lié au taux personnel d’imposition. L’économie, quasi nulle pour les revenus modestes, devient considérable pour les hauts revenus imposables à 41 ou 45%. Revers de la médaille : le PERP débouche sur une rente à vie, comme une pension. La loi permet toutefois de récupérer 20% du capital acquis. Et 100% dans certains cas, comme le déblocage à l’expiration des droits au chômage après licenciement ou pour financer l’achat de sa résidence principale après au moins deux ans de location avant la retraite.…
…« la majorité des contrats PERP sur le marché sont de piètre qualité ». « Je dirais 95% », surenchérit Yves Gambart de Lignières, qui déplore trop de frais de gestion, des fonds maison peu performants, des conditions floues. Que prévoit par exemple le contrat en cas de décès prématuré du souscripteur ? Ou pour la réversion de la rente ? Le « Madelin », autre solution de retraite par capitalisation comme le PERP mais réservé aux chefs d’entreprise, est encore fiscalement plus efficace. Mais là encore, pas facile de trouver le bon assureur ! Et un inconvénient : le souscripteur doit faire des versements réguliers.
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